Les usines en Chine populaire pendant la révolution culturelle
Les
usines chinoises aujourd'hui : qui dirige?
Depuis 1949, ou un peu
plus tard pour certaines usines.
Les usines ne sont plus
propriété privée mais propriété
d'Etat ; leurs bénéfices ne servent plus à
enrichir une
poignée de
capitalistes, ils profitent à tout le peuple et servent à
édifier le pays. Mais le socialisme, ce n'est pas seulement «
plus d'égalité » ou une répartition et une
utilisation différente des richesses.
Dire qu'il n'y a plus
de patron dans les usines chinoises, cela veut certes dire que
personne ne s'emplit les poches avec la sueur des ouvriers. Mais cela
veut surtout dire que l'usine est dirigée autrement. Ainsi,
depuis 1949, la direction des usines est sous le contrôle du
Parti Communiste.
Qu'est-ce que Je Parti
Communiste Chinois ? Nous avions vu qu'avant la révolution,
le Parti Communiste tirait les leçons des échecs ou des
réussites dans des grèves — par exemple la grève
des cheminots du 7 février 1923 — , il faisait le bilan
des luttes de la classe ouvrière et des autres classes
révolutionnaires.
Au Parti Communiste se
trouvaient les ouvriers les plus conscients. ceux qui avaient le plus
d'expérience de lutte ; ces ouvriers aidaient leurs camarades
à créer des syndicats, à créer des cours
pour l'étude culturelle et politique : on peut donc dire que
Je Parti qui a pris le pouvoir en 1949, le Parti Communiste, était
l 'avant-garde consciente de la classe ouvrière chinoise.
Ce rôle
d'avant-garde consciente de la classe ouvrière, le Parti
Communiste a continué à le jouer après la
libération, une fois au pouvoir.
Lorsque les patrons ont
perdu la direction des usines, il fallait que quelqu'un exerce les
tâches de direction : l'Etat a nommé des directeurs dans
les usines et ces directeurs ont travaillé sous le contrôle
du Parti Communiste, afin que leurs actes aillent dans l'intérêt
de la classe ouvrière.
Cela était-il
suffisant ?
Nous avons vu dans le
chapitre sur la révolution culturelle que non : un directeur
ou des membres du Comité du Parti d'une usine peuvent, à
cause de la place qu'ils occupent, se considérer supérieurs
aux ouvriers, les mépriser, les opprimer. De tels dirigeants
ont été critiqués pendant la révolution
culturelle.
Le système actuel,
les comités révolutionnaires, permet à la
direction des usines d'être plus proche des ouvriers qu'avant
la révolution culturelle.
Au lieu d'être
nommés par l'Etat, les membres du comité
révolutionnaire —sauf ceux d'entre eux qui sont
militaires— sont élus par les travailleurs.
Parmi ceux-ci, la plus
grande partie sont des ouvriers de l'usine (entre le tiers et la
moitié des membres du Comité Révolutionnaire).
Leur rôle est de faire connaître au comité
révolutionnaire l'avis des travailleurs et de faire la liaison
avec les masses pour la direction.
Une autre partie est
composée de cadres et de techniciens. Enfin, une partie est
composée de membres de l'armée ou de la milice de
l'usine.
La présence de
militaires dans la direction de certaines usines chinoises peut
surprendre. En Chine, l'armée populaire est une armée
différente des armées que nous connaissons : c'est une
armée révolutionnaire, composée des meilleurs
éléments de la classe ouvrière et de la
paysannerie pauvre.
Les militaires membres
des comités révolutionnaires sont donc les éléments
les plus conscients des couches populaires. De plus, l'armée
défend la révolution et Je socialisme : elle est le
pilier du pouvoir d'état —la dictature du prolétariat—.
Pour résumer la
place de chacun dans le comité révolutionnaire, on dit
en Chine : « les représentants des masses sont la base,
les cadres. sont l'ossature et l'année est le soutien. »
II y a des comités
révolutionnaires dans chaque atelier, en plus du comité
révolutionnaire de l'usine. Les candidats sont choisis
démocratiquement : avant les élections, une large
discussion est organisée dans l'usine ou dans les ateliers
pour décider quels seraient les meilleurs candidats. Les
listes sont ensuite présentées au comité
révolutionnaire et au comité du Parti de l'échelon
supérieur (par exemple arrondissement ou municipalité)
qui les approuve et peut, s'il le juge nécessaire, s'opposer à
certaines candidatures. Dans ce cas, il doit dire ses raisons et la
candidature est rediscutée dans l'usine.
Enfin, les élus
peuvent être révoqués. Si un cadre ne joue pas
bien son rôle, les masses peuvent demander, après
consultation de l'échelon supérieur, qu'il soit
révoqué.
Comment fonctionnent les
comités révolutionnaires ?
— l'administration
est simplifiée, les cadres administratifs et techniques
s'appuient sur les avis des travailleurs ;
Des exemples de ce
fonctionnement nouveau, nous en avons eu beaucoup :
— à l'usine
d'impression sur tissus de Tchentchéou : « autrefois
certains camarades qui étaient responsables, et qui ont
maintenant à nouveau des responsabilités après
la révolution culturelle, prenaient les décisions tout
seuls. Ils trouvaient les masses arriérées. Les masses
n'avaient que le droit d'appliquer. Pendant la révolution
culturelle, les masses ont critiqué ces camarades. Ils ont
compris et aujourd'hui ils appliquent dans leur travail le principe :
« compter sur les masses ».
— à l'usine
de machines à coudre de Canton : « Dans le passé,
les cadres étaient enfermés dans les bureaux, séparés
des masses, maintenant, ils vont chaque semaine travailler clans les
ateliers ; si, au cours de leur travail, ils notent des problèmes,
ils en discutent immédiatement avec les travailleurs. Dans le
passé, il y avait une multitude de bureaux. A l'heure
actuelle, sous le comité révolutionnaire, il y a 4
groupes de travail. L'un est chargé de la politique, l'autre
de l'idéologie, le troisième de l'administration et le
quatrième de la production. Cela remplace les 30 bureaux du
passé. »
— Le Parti dirige
politiquement le Comité Révolutionnaire.
Dans une usine, les
ouvriers et autres membres du personnel les plus conscients, les plus
révolutionnaires appartiennent au Parti Communiste. Pour
l'usine, la direction du Parti s'appelle « Comité
du Parti » de l'usine. Le Parti assure que la direction du
Comité Révolutionnaire est conforme à la
politique de la classe ouvrière (s'appuyer sur les masses,
servir le peuple.) Comment cette direction politique s'exerce-t-elle
concrètement ? Voici les explications que nous avons eues à
ce sujet à l'usine textile n°17 de Changhaï :
« Le comité
révolutionnaire se trouve sous la direction du comité
du Parti. Les grands problèmes sont discutés par le
Comité du Parti. Ensuite, c'est au Comité
Révolutionnaire de les mettre en pratique. Il dirige la
production. Pour plus d'efficacité, chez nous, les
responsables du Comité du Parti sont en même temps
responsables du Comité Révolutionnaire. Dans les
cellules, les dirigeants du Parti sont également dirigeants du
Comité Révolutionnaire au même niveau : c'est la
direction unique, surtout sur le plan idéologique.
Ceci demande aux
responsables d'avoir l'esprit de Parti et de renforcer l'unité
révolutionnaire. Sur le plan organisationnel, les deux
organisations sont différentes, mais sur le plan de la
direction, les deux comités travaillent ensemble. C'est
également utile pour une administration simplifiée et
efficace. »
« II y a des
non-communistes au Comité Révolutionnaire. Au début,
il y en avait beaucoup, maintenant ils sont moins nombreux. »
(Certains ont en effet adhéré au Parti depuis leur
élection au Comité Révolutionnaire) «
Après avoir adhéré au Parti, de tels cadres ne
se détachent pas de la production, ils ont des liens très
étroits avec les masses et sont donc en mesure de les
représenter. »
Comment éviter que
les cadres ne se comportent en nouveaux bourgeois ?
D'abord, en essayant de
bien les choisir.
Nous avons vu que les
cadres étaient choisis après de longues discussions des
ouvriers de chaque atelier. Dans ces conditions, on essaye de voir
les qualités qui feraient du futur responsable un bon cadre
révolutionnaire.
On peut se faire une idée
de ces discussions par la réponse que nous avons eue dans une
usine de moteurs à combustion de Pékin.
« Les cadres sont
choisis suivant trois critères :
— leur application
dans l'étude de la pensée Maotsétoung ; les
cadres doivent en effet avoir un niveau idéologique assez
haut.
— ils doivent avoir
une bonne liaison avec les ouvriers
— ils doivent avoir
de bonnes connaissances techniques et de l'ardeur dans le travail. »
Parmi ces trois critères,
le premier est tout particulièrement important : un cadre a de
grandes chances de se comporter en bourgeois s'il désire avoir
des responsabilités par orgueil, pour gagner plus d'argent,..
. en un mot pour des raisons personnelles, égoïstes. Mais
si pour lui, accepter des responsabilités, cela veut dire
œuvrer pour le socialisme et mieux servir le peuple, il y a
déjà une possibilité importante pour que ce
cadre se comporte en révolutionnaire.
Cela suffit-il ?
Non, il y a même de
nombreux exemples de cadres qui une fois à un poste de
responsabilité, se reposent sur leurs lauriers et dégénèrent
petit à petit.
Il y a aussi des exemples
de cadres qui ont appliqué une ligne « ultra-gauche »
: voulant brûler les étapes de la construction du
socialisme, ils se sont coupés des larges masses de
travailleurs.
C'est pour toutes ces
raisons que les ouvriers ont le droit —et même le devoir
!— de critiquer ces erreurs (et toutes les autres) chez les
cadres. Ils le font souvent par voie d'affiches manuscrites
placardées dans l'atelier ou à l'entrée de
l'usine : ce procédé favorise la critique, car les
affiches peuvent être lues par tous et discutées. Ainsi
les critiques ne sont pas oubliées, mais discutées par
tous et efficaces. Il faut noter que les critiques ne visent pas des
personnes, mais le sens politique de leurs idées, de leur
comportement ou de leurs actes.
Une autre mesure est
prise pour que les cadres aient un bon style de travail : ne se
séparer jamais de la production. Par exemple, à l'usine
de moteurs à combustion de Pékin, tous les cadres
participent au travail manuel pendant deux ou trois mois par an, ou
bien travaillent plus de deux jours par semaine dans un a te-lier.
En Chine, les cadres
travaillent à la production. Cela évite qu'ils ne se
considèrent supérieurs ou différents des
ouvriers. Cela leur permet d'être en contact avec tous les
problèmes —petits ou gros— de la production.
Toutes ces mesures —aussi
bonnes soient-elles— ne sont ni parfaites ni immuables. A
l'étape actuelle, il n'existe aucune garantie que sous une
forme ou sous une autre, les éléments bourgeois rie
tentent de reprendre une partie du pouvoir.
Alors, comme l'a dit Mao
Tsé toung, il faudra faire une nouvelle révolution
culturelle et ceci non seulement une fois, mais à plusieurs
reprises.
POURQUOI
LE SYNDICAT A-T-IL ETE CRITIQUE ?
QU'EST-CE
QUI LE REMPLACE ?
Pendant la Révolution
Culturelle, le syndicat a été critiqué par les
ouvriers chinois. Ils se sont rendu compte que non seulement i! ne
jouait plus son rôle d'organisation de masse de la classe
ouvrière, mais qu'il servait la contre-révolution, la
restauration du capitalisme.
Le rôle du syndicat
chinois avait-il été à 100% négatif ?
Non, évidemment.
Il avait été créé dans un combat
difficile contre les capitalistes et les impérialistes et
avait dirigé de nombreuses luttes. Après la création
de la République Populaire de Chine, le syndicat avait dirigé
la lutte des ouvriers contre les capitalistes.
Mais, dans le syndicat
chinois, il y avait aussi l'aspect négatif, c'est-à-dire
la ligne qu'il appliquait.
Avant la Révolution
Culturelle, le syndicat chinois avait deux tâches essentielles
:
— le bien-être
: c'est encore aujourd'hui une des tâches importantes des
syndicats en Europe de l'Est. Le syndicat gérait les œuvres
de bien-être des ouvriers : cantines, crèches, maisons
de repos, associations sportives, excursions en car les jours de
congé.. . Limiter le rôle du syndicat au bien-être,
c'est évidemment détourner de ses tâches les plus
fondamentales : gestion de l'usine, étude politique.. .
— La production :
par exemple, le syndicat jouait un rôle important dans les
mouvements pour atteindre les normes de travail qui permettaient
d'obtenir des primes : le résultat était que pour
obtenir la prime, les ouvriers, en produisant plus de pièces,
négligeaient la qualité. Et surtout lors de la
discussion pour les primes, des jalousies, des divisions naissaient
entre les ouvriers. Ceux-ci disaient « discuter sur l'obtention
des primes, c'est mauvais, cela développe les querelles ».
En s'occupant de la lutte pour la production sans s'occuper des
tâches politique} (savoir dans quel but et comment on doit
produire), le syndicat arrivait à diviser les ouvriers, à
affaiblir leur volonté de lutte.
Pendant la Révolution
Culturelle, ces conceptions ont été critiquées :
Le syndicat ne se donnait
pour tâche que l'économie, la production ou le
bien-être, en ne voyant pas que tout cela dépend de
l'orientation politique que l'on suit —capitaliste ou
socialiste—.
C'est pour cela
qu'aujourd'hui les tâches fondamentales de l'organisation qui
remplace le syndicat sont l'étude politique —pour suivre
consciemment la voie révolutionnaire— et la lutte de
classe —pour combattre les conceptions bourgeoises—, afin
que la production, la gestion de l'usine, les activités de
bien-être soient réellement au service des ouvriers et
du peuple.
Voici ce que nous ont dit
des ouvriers de Changhaï, qui préparaient le congrès
au niveau municipal de leur nouvelle organisation, au sujet de
celle-ci :
« Nous avons créé
un « congrès des ouvriers » pour remplacer le
syndicat comme instrument de la lutte des classes et aussi comme un
organisme de la liaison des larges masses des ouvriers avec le Parti.
Il devrait devenir une école du communisme pour la classe
ouvrière. »
Quel est le rôle du
« congrès des ouvriers »? (c'est un ouvrier d'une
usine de bracelets-montre qui nous l'explique.)
1 « la tâche
principale du congrès des ouvriers est d'organiser les
ouvriers dans l'étude des œuvres du Président Mao
pour les armer de cette pensée.
2. il faut saisir la
lutte de classes, donner des cours sur la lutte de classes. (Ceci se
fait à partir d'exemples concrets : on essaye de saisir la
lutte de classes qui se déroule dans l'usine.)
3. la grande critique.
(C'est la critique des idées réactionnaires qui ont été
appliquées dans l'usine ou, plus généralement,
dans le pays.)
4. leçons pour se
mettre à l'école de l'Armée Populaire de
Libération et pour prendre exemple sur elle.
5. choisir, éduquer
et former des cadres pour fournir des dirigeants à l'Etat dans
certains domaines. On les forme avec une conscience politique élevée
pour diriger et gérer certaines entreprises.
6. prêter attention
aux mesures de sécurité dans les usines et à la
vie matérielle des ouvriers ».
« Le congrès
des ouvriers a également organisé pour les ouvriers des
écoles du soir pour élever le niveau de conscience dans
l'étude politique et technique. Ces cours ont lieu 3 jours par
semaine le soir et pendant deux heures : culture, littérature
et technique. »
Voici ce que nous ont
dit de ces cours du soir les travailleurs de l'usine textile n°17
de Changhaï :
« Le rôle
du congrès des travailleurs est de développer le
mouvement d'étude et de vaste critique révolutionnaire
; il s'occupe de l'éducation pendant les heures de loisir :
ici, 1500 ouvriers suivent les cours du soir (l'usine compte 8 350
ouvriers et employés).
« Plus de 90%
des ouvriers font d'autre part dans leur atelier des études
culturelles et politiques. Les cours du soir comprennent notamment
dans notre usine textile : filage-tissage, électronique et
rédaction.
« Certains
jeunes sont chefs d'étude dans leur atelier : tout en recevant
une éducation par la classe ouvrière, ces jeunes
doivent aider les vieux ouvriers à élever leur niveau
d'instruction pour qu'ils puissent étudier aussi la
pensée-Maotsétoung. (Beaucoup de vieux ouvriers étaient
illettrés)
« D'autres
jeunes travailleurs sont professeurs dans les écoles du soir.
Actuellement, nous transférons les cours du soir dans les
ateliers mêmes. Les jeunes écrivent eux-mêmes des
manuels et préparent leurs cours. »
« Le congrès
des ouvriers s'occupe des activités culturelles et sportives :
basket-bail, échecs, ping pong, etc.. .
« Enfin, le congrès
des ouvriers a pour tâche d'organiser les ouvriers pour
contrôler et surveiller la gestion de l'usine, et aussi pour
participer à cette gestion. Ils doivent surveiller les
responsables de l'usine pour qu'ils ne s'écartent pas des
larges masses ouvrières. Contrôler aussi les comptes de
l'usine, les dépenses de l'usine. »
LES
INTELLECTUELS, LES TECHNICIENS DANS LES USINES
Aujourd'hui, dans une
usine chinoise, il est très courant de rencontrer, parmi les
ouvriers, des intellectuels qui travaillent.
Certains sont des lycéens
ou des étudiants qui viennent là pendant un mois de
vacances afin d'apprendre ce qu'est la production, et comment se
déroule la lutte de classe dans une usine.
D'autres —la
majorité en général— sont des jeunes qui
ont terminé l'école secondaire et qui viennent à
l'usine travailler avec les ouvriers. C'est parmi eux que seront
choisis, après environ 2 ans de pratique, ceux que leurs
qualités permettent d'envoyer à l'université.
D'autres enfin sont des
travailleurs intellectuels —par exemple des enseignants—
qui viennent à l'usine afin de transformer leur mentalité,
de « se faire ré-éduquer », comme on dit en
Chine.
A l'usine de moteurs à
combustion de Pékin, en plus des quelques 7 000 ouvriers et
employés, il y avait en août 1971 plus de 1000
intellectuels qui travaillaient dans l'usine.
On en trouvait dans un
peu tous les ateliers, que ce soit aux machines outils ou la chaîne
de montage ; les ouvriers de l'usine aident ces intellectuels qui ont
peu l'habitude du travail manuel.
Quel rôle jouent
ces intellectuels dans les usines ?
Ecoutons la réponse
qui nous a été donnée à l'usine de
moteurs : « Les intellectuels qui travaillent dans notre usine
sont des diplômés d'avant la Révolution
Culturelle qui, au cours du mouvement de « lutte, critique,
réforme » sont venus dans l'usine trivailler avec les
ouvriers. Avant, ils étaient séparés de la
pratique des masses et de la production. C'est pour cela qu'ils sont
venus dans les usines. La plupart des innovations techniques ont été
réalisées par des groupes de « triple-union »,
c'est à dire des groupes composés de cadres, de
techniciens et d'ouvriers. »
« Souvent les
intellectuels qui travaillent dans une usine jouent
donc un rôle dans
les innovations, en mettant à profit leurs connaissances pour
améliorer la production et les conditions de travail.
LA
TRIPLE-UNION
On rencontre quelquefois
dans les ateliers des usines chinoises des groupes de techniciens,
cadres et ouvriers, qui discutent accroupis autour de plans ou de
simples croquis faits à la craie à même le sol.
Il s'agit de groupes de «
Triple-Union » qui depuis la Révolution Culturelle,
réalisent les innovations techniques et les projets dans les
usines.
Alors qu'avant la
Révolution Culturelle, les techniciens et les ingénieurs
faisaient les projets dans les bureaux d'étude, ils
participent aujourd'hui à ces groupes ayant les ouvriers comme
ossature ; alors qu'avant les projets étaient souvent
compliqués, chers et mal adaptés, aujourd'hui ils sont
plus simples et économiques.
De plus, la participation
directe des ouvriers aux innovations permet d'avoir des projets bien
adaptés —car les ouvriers connaissent bien les problèmes
concrets de la production —. Cela permet aussi d'avoir des
projets qui améliorent les conditions de travail : en Chine,
on dit souvent qu'un bon projet est un projet qui améliore les
conditions de travail tout en accroissant la productivité.
On peut donc dire que la
triple-union, en transformant les rapports de production (elle
asssure la direction directe de la classe ouvrière sur la
technique) a amené un nouveau bond en avant des forces
productives : c'est ce que résume le mot d'ordre de la
Révolution Culturelle : « Faire la révolution et
promouvoir la production ».
Comment fonctionne dans
la pratique la triple-union ?
Voici le récit que
nous ont fait les travailleurs d'une usine chimique de Changhaï,
au sujet d'une innovation concernant la lutte contre la pollution :
« Dans la
fabrication de l'acide fluorhydrique se produisent des gaz résiduels
et des scories ; un ingénieur a voulu résoudre ce
problème avec une minorité de techniciens : enfermés
dans le laboratoire, ils ont gaspillé en un an plus de 80.000
yuans.
Ils ont cherché à
réaliser un traitement à sec, (absorption par la soude)
mais ils ont endommagé l'équipement pour obtenir un
produit bon à rien, sinon « tout juste bon à
combler les fossés ».
Le problème
n'avait pas été résolu par eux. Au cours de la
Révolution Culturelle s'est créée une
triple-union, avec les ouvriers comme ossature et des techniciens et
des cadres. Les ouvriers ont une riche pratique car, tous les jours,
ils sont au poste de production et connaissent les conditions de
travail.
Les meilleures
expérimentations sont donc celles auxquelles participent des
ouvriers ayant de l'expérience pratique. Les ouvriers ont
suggéré d'utiliser seulement de la chaux ; les
expériences et les résultats ont été
satisfaisants. Les technicien travaillaient avec les ouvriers,
établissaient les plans avec eux ; les ingénieurs et
les techniciens ont des connaissances théoriques, qui, alliées
à la pratique des ouvriers, permettent des résultats
rapides. En 10 jours, 33 plans de traitement des résidus ont
été élaborés et se sont révélés
assez efficaces.
Dans la triple-union, les
cadres, par leur rôle politique, ont stimulé
l'initiative des ouvriers et l'enthousiasme des techniciens.
En moins de deux mois,
avec 10.000 yuans de l'Etat investis, nous avons réussi à
traiter ces résidus préjudiciables à la santé
et aux cultures et nous avons récupéré des
produits très utiles. »
« La triple-union
est donc une mesure très efficace pour unir la théorie
et la pratique, les dirigeants et les masses. »
LES
INNOVATIONS.
L'AMELIORATION
DES CONDITIONS DE TRAVAIL
Dans les usines
chinoises, il est courant de voir des machines réalisées
par les ouvriers eux-mêmes, après discussion dans des
groupes de triple-union.
Des exemples de telles
réalisations, nous en avons vu de nombreux :
— à l'usine
chimique visitée en 1971 à Changhaï : plusieurs
équipements avaient été réalisés
et conçus sur place ; parmi eux : une série de tours de
traitement des résidus de la fabrication du sulfure de
carbone. Les tours n'avaient pas toutes exactement la même
hauteur ni la même forme : la raison en est que ces équipements
ont été réalisés avec des pièces
du rebut de l'usine. Le montage avait pris une semaine seulement. Ces
tours de traitement au charbon actif permettent d'obtenir un liquide
où il ne reste plus que 240 mg de sulfure de carbone par
litre.
— dans une usine de
camions à Changhai ; un système de ventilation à
chaque poste de travail réaHsé principalement à
l'aide de tuyaux de poêle et de ventilateurs. De nombreuses
innovations réalisées sur les machines-outil, etc.. .
— à l'usine
de moteurs à combustion de Pékin : depuis 1969, plus de
700 innovations techniques plus ou moins grandes ont été
réalisées. Un exemple : le travail aux marteaux-pilons
était difficile et peu productif, car non mécanisé
; il fallait tenir avec des tenailles, le fer incandescent. Au cours
de la Révolution Culturelle, plusieurs innovations ont été
réalisées dans cet atelier. Les pièces
incandescentes sont maintenant amenées automatiquement de
fours rotatifs nouveaux au marteau pilon, puis amenées de
celui-ci aux machines suivantes sans intervention directe des
ouvriers. Le travail est très allégée et la
production meilleure — à tel point que les
marteaux-pilons peuvent être arrêtés de temps en
temps.
Mais ce travail reste dur
: bruit, chaleur, quoique plus faible qu'auparavant, restent plus
élevés que dans les autres ateliers : pour toutes ces
raisons, les ouvriers de cet atelier sont des volontaires et leur
bonne santé est vérifiée périodiquement.
Cette innovation de l'atelier de marteaux-pilons représente
bien ce que l'on cherche à faire en Chine : augmenter la
productivité tout en améliorant les conditions de
travail.
— à l'usine
textile n°17 de Changhai :
1. l'air est conditionné
dans tous les ateliers.
2. dans les ateliers de
tissage, de nombreuses poussières de coton polluent l'air ;
les ouvrières ont réalisé un rail qui serpente
au-dessus de toutes les machines ; sur ce rail circule
continuellement un
aspirateur qui débarrasse
l'air des poussières nocives : les ouvriers arrivent donc,
même sans grands moyens matériels, à améliorer
considérablement les conditions de travail ; ceci n'est
évidemment
possible que parce qu'il
n'y a plus de patron ou de cadres bourgeois dans les usines pour les
réprimer.
Voici ce que nous ont dit
les travailleurs de cette usine au sujet des innovations :
« Du temps des
japonais, il n'y avait que quatre ventilateurs et en été,
il faisait 40° dans les ateliers : beaucoup d'ouvriers tombaient
malades et néanmoins, le patron les forçait à
travailler.
Nous avons développé
un système de ventilation dans les ateliers.
(C'est ce que nous avons
vu dans l'usine.)
« Avant, nous
déchirions les balles de coton à la main pour les
répartir entre les machines.
« Les ouvriers ont
eux-mêmes conçu des machines pour se soustraire à
ce travail pénible. Maintenant, il suffit d'appuyer sur un
bouton au lieu de plus d'un millier de mouvements à la main
qu'il fallait faire auparavant.
« Avant, beaucoup
d'ouvriers avaient la tuberculose pulmonaire à cause de la
poussière dans les ateliers. Maintenant, il n'y en a presque
plus, grâce au triage du coton à la machine.
« Tout en élevant
la production, il faut veiller à la sécurité des
ouvriers.
« Dans chaque
atelier, il existe une équipe de triple-union pour les
innovations ; elle est composée de 3 parties : des ouvriers
vétérans, des cadres révolutionnaires et des
techniciens. Les techniciens ne se détachent pas de la
pratique et du travail manuel. » (Dans cette usine, cadres et
techniciens travaillent manuellement 1 à 2 jours par semaine,
ou bien un mois entier par an.)
« Une fois par
semaine, nous nous réunissons pour l'étude sur la
recherche technique et les innovations.
« Si l'on s'en
tient réellement à la ligne de masse, on obtient des
succès. »
Ce large mouvement
d'innovations techniques dans les usines chinoises — que ce
soit pour augmenter la production ou améliorer les conditions
de travail — ne repose sur aucun système de primes on de
récompenses.
Si les ouvriers chinois
consacrent des efforts à des innovations, si certains jours
ils font des heures supplémentaires non payées pour y
travailler, ce n'est pas pour des raisons individuelles ou égoïstes.
— c'est parce qu'il
n'y a plus de patrons, plus de capitalistes à la tête
des usines ; les ouvriers savent qu'ils ne travaillent pas pour
engraisser des exploiteurs, mais qu'ils travaillent pour eux et pour
tout le peuple.
— les ouvriers
peuvent parler et développer leur initiative, car les
conceptions des cadres soit disant révolutionnaires —
mais bourgeois en réalité — qui prétendaient
que les ouvriers n'ont pas à diriger la technique ont été
combattues.
MOBILISER
LES MASSES POUR SURMONTER LES DIFFICULTES. COMPTER SUR SES PROPRES
FORCES.
Dans les écoles
chinoises, on enseigne aux enfants que même un grain de riz
coûte de la sueur aux travailleurs pour être produit, et
que donc il faut éviter de gaspiller.
En effet, si des
bourgeois gaspillent facilement le fruit du travail d'autrui, les
travailleurs pratiquent l'économie et utilisent au mieux ce
qu'ils ont produit.
Lorsqu'un problème
se pose dans la production, les travailleurs chinois essayent
toujours d'éviter les moyens complexes et coûteux : ils
cherchent plutôt à faire appel à l'initiative des
masses populaires et à résoudre le problème en «
comptant sur ses propres forces. »
Un exemple significatif
d'usine qui « compte sur ses propres forces » nous a été
donné par l'usine d'engrais chimiques de Yenan. Cette usine,
située dans une région montagneuse relativement pauvre,
a été mise en service en août 1970 et produit des
engrais pour les communes populaires du district : c'est donc une
usine relativement petite (430 travailleurs).
L'usine a été
édifiée à partir de 1968 par ses futurs ouvriers
: une majorité d'anciens paysans de la région, 3 cadres
et 12 jeunes intellectuels.
Voici comment ils ont
résolu les différents problèmes de la
construction, d'après le récit que nous en a fait un
cadre du comité révolutionnaire :
« L'eau
représentait un problème grave. L'usine nécessite
plusieurs tonnes d'eau par jour et selon les documents que nous avons
consulté, notre région manque d'eaux souterraines...
Que faire ? Nous n'avons pas fait confiance aux documents, nous avons
mobilisé les masses et fait des enquêtes auprès
des paysans pour rechercher de l'eau dans la région. Cela nous
a permis de creuser, avec des moyens rudimentaires, des puits qui ont
fourni l'eau nécessaire. »
« Un autre problème
fut celui de l'installation des machines ; le faire en comptant sur
nos propres forces ou faire appel à l'extérieur?
C'était là
un problème de ligne. Nous avons étudié à
plusieurs reprises la pensée Maotsétoung sur le sujet «
il faut compter sur ses propres forces ». Nous travaillons tous
pour le même but, et ceux qui viendraient ici pour
l'installation des machines manqueraient ailleurs. Nous avons donc
pris la résolution de compter sur nos propre forces. Au bout
de 2 mois, nous avions installé avant terme plus de 30
machines, ce qui permettait de démarrer la production».
« Avant de pouvoir
faire fonctionner l'usine, il restait à résoudre le
problème du réservoir à air comprimé. Il
fallait enduire ce réservoir d'un liquide contre la rouille.
Au départ, il était prévu que 4 ouvriers
feraient ce travail. Mais nous nous sommes rendus compte que le
liquide utilisé provoquait des boursouflures de la peau et
qu'il faudrait un mois pour faire ce travail à quatre. Or,
selon le processus de construction, il était impossible de
consacrer plus de 8 jours à ce travail.
Les ouvriers ont discuté
de ce problème et ont décidé de participer tous
à la peinture du réservoir, ce qui réduisait
au minimum les risques,
chacun n'étant en contact avec le liquide qu'un court espace
de temps. Le travail a ainsi été terminé à
temps, mais soixante-dix personnes avaient contracté de
légères boursouflures de la peau que les équipes
médicales purent rapidement guérir. »
POUR
MIEUX SERVIR LE PEUPLE :
LES
USINES COOPERENT ET LES OUVRIERS FONT DES ENQUETES.
Souvent les ouvriers
chinois nous ont parlé des échanges d'idées ou
d'expériences qu'ils avaient eu avec des ouvriers d'autres
usines.
Cette pratique est très
courante en Chine, que ce soit par des rencontres entre ouvriers de 2
ou plusieurs usines travaillant dans la même branche, ou par
des stages, pendant lesquels les ouvriers d'une usine moins avancée
viennent apprendre auprès des ouvriers d'usines plus en
avance, en travaillant avec eux quelques semaines.
Si de telles rencontres
entre ouvriers sont possibles, c'est qu'il n'y a en Chine ni
concurrence, ni secrets de fabrication. Toutes les usines travaillent
dans le même but — le socialisme — et n'ont donc
rien à cacher : au contraire, elles coopèrent pour
mieux servir le peuple.
Des exemples de cette «
coopération socialiste », on peut en avoir de nombreux
lors d'un voyage en Chine.
— pour créer
une nouvelle usine : pour aider à la construction et à
la mise en service d'une usine chimique que nous avions visitée
à Changhaï, une centaine d'usines — en particulier
une usine chimique proche — avaient envoyé des ouvriers
expérimentés.
— Pour aider des
ménagères à créer un atelier de quartier
: iI est courant que des ménagères d'une même rue
ou d'un pâté de maisons se groupent pour participer
elles aussi à la production et être ainsi « l'égal
de l'homme ». Seulement, elles n'ont en général
jamais travaillé, et manquent totalement d'expérience
de la production : c'était le cas des anciennes ménagères
que nous avons vu
dans le petit atelier
qu'elles venaient de créer dans leur quartier à
Changhai ; elles y faisaient du montage de transformateurs, avec des
pièces fournies par une grosse usine. Avant de démarrer
cette
production, elles avaient
fait 3 mois de stage dans la grosse usine, pour s'initie- à ce
travail.
Pour lutter contre la
pollution : les usines chimiques de Kirin rejetaient des gaz nocifs,
des eaux usées et des liquides résiduaires en grande
quantité. Ceci nuisait à la santé du peuple et à
l'environnement. Une centaine d'usines de quartier ont été
mises sur pied pour utiliser ces déchets et les transformer en
produits utiles. Plus de 200 produits différents sont ainsi
réalisés à partir de ces déchets.
— Pour échanger
des expériences : à Changhai, des rencontres sont
organisées entre usines pour échanger des expériences
sur la récupération des déchets et la lutte
contre la pollution. De tels échanges entre usines identiques
peuvent porter sur les sujet les plus divers (nouveaux procédés,
sécurité.. . )
— Pour mieux servir
le peuple : des ouvriers et techniciens d'une usine vont souvent
enquêter parmi les ouvriers qui utilisent ce qu'ils produisent,
afin de connaître leurs besoins et de produire ce qui leur
convient le mieux ; deux exemples notés dans des usines en
Août 1971 : dans une usine de camions de Changhai, les ouvriers
avaient enquêté auprès des ouvriers des chantiers
qui utilisaient leurs camions-benne ; ils se sont rendus compte
qu'après le travail, ceux-ci revenaient dans la benne, vu
qu'ils ne pouvaient tous monter dans la cabine qui n'avait que deux
places.
Pour mieux se mettre au
service des ouvriers des chantiers, les ouvriers de l'usine de
camions ont alors décidé d'agrandir la cabine, qui est
maintenant plus longue et comprend 6 places ; avec ces nouveaux
camions, tous les ouvriers peuvent faire les trajets à l'abri
et être assis sur des sièges confortables.
ON
NE PRODUIT PAS POUR LE PROFIT MAIS POUR ETRE UTILE AUX TRAVAILLEURS.
Si la coopération
entre usines est possible, c'est que la production n'est pas
commandée par le profit ou la concurrence, mais obéit
au principe de « servir le peuple ».
C'est en étudiant
et appliquant ce principe — et les autres principes du
marxisme, du léninisme et de la pensée Maotsétoung
— que les ouvriers chinois arrivent à transformer la
vieille économie léguée par l'ancienne société,
qu'ils arrivent à ce que par exemple les usines ne cherchent
plus le profit mais cherchent à produire ce qui correspond le
mieux aux désirs des travailleurs, ce qui est le plus
économique, ce qui est de bonne qualité et durable,
solide.
Un exemple d'usine qui
produit pour servir les travailleurs et non pour le profit, c'est
celui d'une fabrique d'imperméables en nylon utilisés
par les paysans. Plusieurs ouvriers de l'usine sont envoyés
par leurs camarades travailler quelques jours avec les paysans pour
savoir si les imperméables sont pratiques et leur rendent
service.
Or, ils se rendent compte
que dans les rizières, le bas de l'imperméable traîne
dans la boue ; ils décident donc d'ajouter une boutonnière
pour le porter relevé. D'autre part, ils renforcent
l'imperméable aux épaules pour freiner l'usure, car les
paysans portent souvent des charges.
Un deuxième
exemple : à l'usine d'impression sur tissus de Sian, les
dessinateurs et graveurs de rouleaux d'impression vont enquêter
parmi les ouvriers et paysans pour décider des nouveaux
modèles de tissus : ils leur proposent des dessins de nouveaux
tissus, ils leur demandent leurs suggestions, aussi bien sur les
coloris que sur les dessins et la qualité des tissus.
Nous avons eu lors du
voyage en Chine de l'été 1971 un autre exemple d'usine
ne produisant pas pour le profit : c'est la petite usine- d'engrais
chimiques de Yenan, dont nous avons déjà raconté
la construction.
Voici ce que nous a dit
le responsable du Comité Révolutionnaire de l'usine au
sujet de la question de la rentabilité : « Nous avons
encore des insuffisances. Le prix de revient des engrais de l'usine
est notamment plus élevé que celui d'autres usines.
Mais pour soutenir
l'agriculture, nous vendons les engrais au prix fixé par
l'Etat. Pour l'instant, c'est l'Etat-qui couvre le déficit,
mais nous étudions la question de baisser les prix de revient.
»
Les travailleurs de cette
usine veulent combler le déficit eux-mêmes et le plus
tôt possible : l'utilisation intégrale permet
d'améliorer les prix de revient et pour utiliser les
sous-produits de la fabrication, les ouvriers font déjà
des briques avec des poudres réfractaires : « il n'est
rien qui soit sans valeur. Nous utilisons tout, mais nous étudions
encore pour trouver les moyens de faire une récupération
plus grande. »
Le but de cette usine
n'est donc pas d'être rentable selon les normes capitalistes,
mais d'être utile en soutenant l'agriculture dans la région.
On peut donc dire que
dans la Chine d'aujourd'hui, il y a évaluation politique des
besoins (ici -nécessité de développer
l'industrie locale pour soutenir l'agriculture) et non production de
ce qui rapporte le plus de profits ; en termes marxistes, on dirait :
« la valeur d'usage (utilité pour le peuple) prime
sur la valeur d'échange (valeur en monnaie, commerciale.)
voici ce que dit à ce sujet un article de « Pékin
Informations » n°5 de 1972 (« éliminer les
déchets en les revalorisant ») :
« L'entreprise
socialiste est différente de l'entreprise capitaliste, et sa
nature lui interdit de ne considérer que l'aspect économique
sans envisager l'aspect politique, que les intérêts de
sa propre unité .'ans considérer les besoins de
l'ensemble.
Pour juger si une chose
est% rentable ou non, il faut partir des intérêts de
l'ensemble. Une chose qui n'est pas rentable pour une entreprise peut
l'être pour l'ensemble. Ceci dans l'esprit révolutionnaire
de tout faire ce qui est profitable pour le peuple. »
LA
PLANIFICATION : FAVORISER L'INITIATIVE LOCALE
DANS
LE CADRE DU PLAN CENTRAL
Dans la Chine
d'aujourd'hui, la recherche du profit n'est plus la force mot- - de
la croissance des entreprises ; de même la concurrence —
et avec elle les faillites qui laissaient au chômage chaque
année des milliers de travailleurs — ont disparu.
La production et la
croissance des entreprises sont déterminées par un plan
central d'Etat qui permet l'initiative à la base. Comment cela
est-il possible ?
D'abord, l'administration
a été considérablement allégée et
simplifiée pendant la Révolution Culturelle : ainsi à
Changhaï, le personnel administratif est passé de 60 000
à 10 000 employés. Pour pouvoir réaliser une
telle simplification des structures et une telle décentralisation
des décisions, il fallait que chaque unité ait la
volonté de travailler dans un but commun.
Cette unité de
toutes les entreprises, de tous les travailleurs, elle ce fait avant
tout sur le plan politique : pour prendre des décisions les
travailleurs chinois se basent sur l'étude de la même
ligne politique révolutionnaire, ils étudient les mêmes
textes du marxisme, du léninisme et de la pensée
Mao-Tsé-Toung.
Pour le plan, ce n'est
pas l'Etat qui fixe à chaque usine sa production pour l'année
suivante ; les propositions de plan viennent au contraire de la base,
des travailleurs qui dans chaque atelier discutent du bilan de la
production de l'année en cours et des possibilités pour
l'année suivante, des productions que l'on pourrait développer
ou créer.
Mais toutes ces
propositions ne sont pas faites n'importe comment : elles sont faites
en appliquant les principes et directives politiques généraux,
qui sont transmis au Comité Révolutionnaire d aux
travailleurs de l'usine par le Comité du Parti Communiste.
L'unité du plan se fait par les directives politiques ; en
Chine, on résume ceci par le principe selon lequel, c'est la
politique qui commande l'économie
Tout ceci peut paraitre
difficile à comprendre ; prenons un exemple concret :
En Chine, la tendance
générale est vers le développement harmonieux
des différentes régions ; c'est une application du
principe politique selon lequel chaque province doit, pour
l'essentiel, « compter sur ses propres forces ».
Dans le passé, la
province du Liaoling, spécialisée dans l'industrie
lourde, importait d'autres provinces ses biens de consommation ;
aujourd'hui, elle produit la majorité des biens que sa
population consomme ; en particulier, elle se suffit en céréales.
C'est le résultat de l'application dans le plan de
développement de l'économie de cette région du
principe : «compter sur ses propres forces.»
A l'opposé, 9
provinces du Sud de la Chine, riches au point de vue agricole, ne
produisaient pas de charbon. Aujourd'hui, on recherche et on exploite
les gisements de la région, même s'ils sont de petite ou
moyenne taille. Ceci a donné une impulsion à
l'industrie métallurgique et mécanique de toute cette
région
Le fait, pour les
provinces, de « compter sur leurs propres forces » permet
d'économiser les transports : chaque province n'a besoin que
du complément venant d'autres provinces ou de l'étranger.
La décentralisation
du plan en Chine se fait aussi d'une autre manière :
— un plan
quinquennal et des plans à encore plus long terme (par exemple
le plan national pour le développement de l'agriculture)
fixent des objectifs généraux et des productions à
atteindre
—- un plan national
est préparé chaque année ; sont planifiés
les grands produits (grands biens d'équipement, grands
produits de base de la consommation, matières premières
importantes).
— et enfin des
plans de district, en ville, de municipalité.
La préparation de
tous ces plans se fait en « 3 montées et 2 descentes ».
Chaque entreprise, d'après les orientations générales
et les directives politiques, fait le bilan de la production de
l'année, des innovations qui peuvent être faites, puis
elle fait des propositions pour l'année suivante : tout ceci
se fait sur la base des discussions qui ont lieu dans tous les
ateliers sur ce sujet : les possibilités de production, les
normes et cadences de travail pour l'année suivante, tout cela
vient des propositions des travailleurs, tout cela est décidé
collectivement dans les ateliers.
Cette proposition de plan
remonte à l'échelon supérieur qui examine s'il y
a cohérence avec le développement d'ensemble souhaité,
qui fait des modifications et des propositions précises ( par
exemple : utiliser les forces disponibles dans telle usine pour
développer telle production nouvelle ) suivant les besoins.
L'usine examine alors ce
projet de plan, qui est discuté dans chaque atelier ; elle le
corrige (par exemple en disant qu'elle n'a pas les moyens de démarrer
la nouvelle production proposée, ou au contraire qu'elle veut
en faire plus).
Ce plan corrigé
est centralisé, puis, sur cette base, le plan définitif
redescend. Tout ceci donne donc lieu à beaucoup de discussions
dans l'usine, et préparer un plan met en tout environ six
mois. Et partout ce système donne l'initiative première
à l'usine, aux travailleurs.
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